La mer nous laisse détrempés
Et l’urgence nous réveille.
Du sel dans la bouche.
La peur et l’espoir se disputent nos esprits.
Ici le sable n’est pas aussi chaud
Mais racle autant la gorge.
La soif est aussi grande.
On pourrait croire enfin au répit
Mais déjà viennent les ombres à travers la rocaille.
Fuir, courir.
Les jambes reprennent leur marche d’automates.
La fatigue prétend s’être fait la malle
Et nous cherchons à en faire autant.
On tente maintenant d’oublier qu’il y a eu un rivage.
Il n’y a plus de paysage mais seulement des refuges potentiels.
Les ombres ont la même forme que nous
Mais leurs yeux brûlent de haine pour ceux qu’ils n’ont jamais vus.
Leur place est derrière nous mais toujours trop proche de ceux qui ont chu.
Et dans le tumulte, alors que certains chutent,
Certains se relèvent.
Encore, d’autres chutent encore.
Certains se relèvent.
C’est le temps de la chasse, le prix à payer hors du pays natal.
Les siècles passent et les bâtons crachent à présent du métal.
Des buissons d’épines nous accueillent avec chaleur.
Ils saluent sur notre peau notre course éperdue.
Nos pieds ont oublié ce dont ils sont faits.
Nos poumons brûlent plus encore que le ciel au-dessus.
Encore, d’autres chutent encore.
Certains se relèvent.
Encore, d’autres chutent encore.
Certains se relèvent.
C’est le temps de la chasse, le prix à payer hors du pays natal.
Les siècles passent et les bâtons crachent à présent du métal.
On dépasse une forêt, un bois ou ce qu’il en reste,
Une plaine où des lumières au loin éclairent le crépuscule
Et sur l’herbe rare avancent des bottes qui lentement nous entourent.
Nos doigts se resserrent sur ce que l’on peut trouver.
Déjà nous ne sommes qu’une poignée,
Des dizaines, des milliers.
Plus rien à perdre, plus de prix à payer.
Le cercle se referme
Comme nos mâchoires et nos poings.
Les aïeuls sont tombés sous la bastonnade, mais l’espoir est un amour éperdu.
La nuit protège ses enfants et les ombres finissent par recevoir ce qui leur est vraiment dû.
Alors, des ombres chutent alors.
Certaines se relèvent.
Encore, des ombres chutent encore.
Certaines se relèvent.
Si les hommes chassent depuis les temps anciens,
D’autres courent toujours en quête de meilleurs lendemains.
Certains se défont de la nasse.
Les lumières à présent nous embrassent.
Dans un dernier sacrifice,
La ville nous ouvre ses interstices.